Tour du Mont-Blanc : Tronçon 9 et fin.

Du Refuge des Flégères (FR) aux Houches (FR)

Longueur : 16 km, D+ : 791 m, D- : 1688 m, soit Km-Effort: 28

Chapeau bas.

Dernière journée, dernières heures avant de retrouver des visages connus et le confort d’un logement.

6h du matin, le plancher en bois s’est remis à craquer. Le refuge s’éveille. Les visages sont encore marqués de fatigue. Chacun se prépare dans un silence monacal. La finalisation des sacs est en cours: bien les organiser, ne surtout rien oublier.

Il a plu toute la nuit, et je pense aux trois jeunes filles qui hier soir, mangeaient à ma table avant d’aller passer la nuit, sous tente. La toile, humide, ne sera que plus lourde à porter pour elles aujourd’hui. Chapeau bas.

Je crois être un des premiers à sortir. Le temps est brumeux. Il crachine, et j’aborde le chemin vers le Col de Brévent.

Cette humidité ne me gêne pas, au contraire. Bien couvert, je me sens à l’aise. Je trouve cela même plutôt agréable. On respire mieux. Cela me rappelle la descente du Col des Fours.

Les jambes sont toutefois lourdes, très lourdes, après huit jours de marche

Le chemin fait à nouveau honneur à la caillasse. Glissante cette fois. Plusieurs éboulis à franchir, en gardant un œil, et surtout une oreille avisée, aux éventuelles chutes de pierres du niveau supérieur.

Je remarque que le sentier a été adapté, par endroits avec des pierres plates judicieusement posées ici ou là. Voici des escaliers taillés dans la pierre et plus loin des marches aménagées avec des poutrelles de bois. Des hommes, avec des moyens techniques probablement limités, nous ont facilité le passage. Chapeau bas.

Je suis sur la face opposée à la chaîne du Mont-Blanc. Son sommet est embrumé. Quelques coups de tonnerre retentissent sur son flanc Est. Je scrute l’horizon essayant de percevoir des alpinistes qui seraient dans ces parages malmenés. Impossible à discerner à cette distance bien sûr. Mais, il y en a probablement. Chapeau bas.

Le col du Brévent n’est toujours pas sorti de brume. Le brouillard monte vite par moments. Je le devine face à moi, mais je ne le vois pas.

Je m’interroge. Je m’arrête. Je fais le point.

J’ai croisé bien peu de personnes depuis mon départ. Je suis quasi-seul dans ces parages.

Monter au Brévent, sous la pluie et dans la brume, qui plus est, pour ne rien voir, ce n’est pas ce que mes formateurs de la FFRandonnée me recommanderaient.

La carte m’indique un chemin descendant en lacets serrés, vers Chamonix. Par là, j’aurai plus de chance de profiter des dernières vues sur le Mont-Blanc.

J’emprunte donc ce sentier escarpé pour rejoindre la capitale des montagnards. La descente dure plus de deux heures. La douleur de mon genou est maîtrisée mais je fais très attention. Ce n'est pas le moment de se blesser, sur la dernière étape.

Je commence à distinguer les installations de la ville. Des tremplin de sauts à ski, des cours de tennis…

Ma dernière rencontre sera avec un groupe de randonneurs rentrant d’une excursion au Lac Blanc. Ils sont accompagnés par un guide typiquement savoyard, qui m’apparait comme bien sympathique. Voilà une compagnie que j’aurais apprécié sur mon circuit.

A tous ces accompagnateurs aguerris, chapeau bas.

J’entre dans Chamonix par le circuit dit du Vieux Guide.

Un bar-hôtel apparait. L’envie est trop forte. Je m'attable et commande un Coca puis une glace. Je sais ce n’est pas bon, mais que c’est bon !

Les derniers kilomètres vers les Houches se font le long de l’Arve, plutôt tumultueux. Je me verrais bien dans un kayak pour arriver plus vite.

Quand apparaît le panneau "les Houches", je me crois arrivé. Mais non. Qu’il est encore long le chemin vers le centre du village.

Il est enfin là ce portique du TMB que j’ai quitté il y a 9 jours.

Point de départ et point d’arrivée d’une magnifique aventure.

Je le touche, le retouche, je lève les bras au ciel. Épuisé mais heureux de mon petit exploit personnel.

J’ai réussi. Trois Américains sont là, qui, eux aussi, ont réussi. Échange amical de prise de photos.

Chapeau bas à nous, les vainqueurs du TMB.